8 juil. 2019

"Jazz/Rock psychédélique" (Partie 2)

La semaine dernière, nous avons consacré notre émission à l'histoire du jazz/rock psychédélique afin d'ouvrir nos âmes et nos consciences ! Pour profiter au mieux de ce deuxième chapitre sur l'histoire de cette période psyché , la Note blanche va se consacrer à l'univers de la guitare jazz/rock, notamment aux puissants délires de Frank Zappa  et de Jim Morrison ...


Pour écouter le podcast de l'émission, cliquez sur les liens ci-dessous :



Dans un premier temps, pour comprendre le rôle du rock dans le mouvement psychédélique, nous retournerons aux origines du rôle de la guitare jazz !  Le rôle de la guitare dans le jazz a énormément changé depuis les orchestres de la Nouvelle-Orléans. Quand le nombre de musiciens des ensembles a explosé à la fin des années 20, il est devenu difficile aux guitaristes de se faire entendre. Par conséquent, la solution fut de passer de la guitare acoustique à la guitare électrique ! En effet, depuis des générations, des guitaristes ont repoussé les limites du répertoire de leur instrument. Nous entamerons cette première partie de l'émission avec l'énergie volcanique du guitariste rock de Sonny Sharrock avec le morceau «Many Mansions » extrait de l'album « Ask the Ages » sorti en 1991 sur le label Axiom.

A vos marques et c'est reparti pour un décollage en musique dans la Note blanche  ...



Suite à l'étude des origines de la guitare jazz/rock, la deuxième partie sera exclusivement dédiée au génie du rock psychédélique, Frank Zappa ! Souvenez-vous de la partie de l'histoire du jazz/rock psychédélique. Nous avions nos oreilles s'étaient déjà penchées sur le morceau démentiel « Muffin' Man » ! Pour la petite histoire, Frank Zappa est un guitariste, auteur-compositeur-interprète, producteur, satiriste et réalisateur américain. De plus, le musicien explore différents genres musicaux très distincts comme le rock, le jazz, la musique classique et la musique concrète. La musique de Zappa est teintée d'expérimentation qui puise dans de multiples styles musicaux et s'avèrent difficile à classifier !  Sous le couvert de sons psychédéliques totalement surréalistes, humoristiques et délurés, Zappa impose ses propres couleurs au monde de la musique, ce qui le rend unique à tous les points de vue.Tout au long de sa carrière, Zappa a sorti plus de soixante albums qu'il a enregistrés avec le groupe Mothers of Invention, et pour une bonne partie, sous son propre nom. Dans sa jeunesse, il développa un vif intérêt pour les compositeurs classiques du XXe siècle comme Edgard Varèse, Igor Stravinsky ou encore Anon Webern. Il se pencha également sur le rhythm and blues des années 50. Par conséquent, Zappa s'est essayé à la composition de musique classique au lycée tout en jouant de la batterie dans des groupes de rhythm and blues. Puis, il s'est finalement orienté vers la guitare qui est resté son instrument de prédilection pendant une grande partie de sa carrière. Pour résumé, Frank Zappa s'est ouvert à diverses influences musicales.

La Note blanche vous souhaite un voyage cosmique et déluré grâce à Frank Zappa sur les ondes de Radio Balises 99.8 ...


Nous poursuivrons avec un autre artiste emblématique du genre psychédélique des années 60/70. Cet artiste a su ouvrir les portes de perception en musique grâce à son talent indéniable : Jim Morrison ! Tout d'abord, je reviendrai, comme d'habitude, sur sa biographie. Jim Morrison, né James Douglas Morrison le 8 décembre 1943 à Melbourne (Floride) aux États-Unis, et mort le 3 juillet 1971 à Paris, en France est un chanteur et poète américain, cofondateur du groupe de rock américain The Doors, dont il fut membre de 1965 à sa mort. Considéré comme un sex-symbol provocant au comportement volontairement excessif, devenu une véritable idole du rock, mais aussi intellectuel engagé dans le mouvement du protest song, en particulier contre la guerre du Viêt Nam. Cependant, ce dernier ne revendiquait toutefois aucune idée politique. Avec sa voix teinté par le blues, le chanteur était fortement par attiré par le chamanisme. Oon lui attribua une réputation de « poète maudit » à cause de sa mort prématurée, à Paris, dans des circonstances mal élucidées. Cette tragédie le transforma en légende, notamment fondatrice de ce qui est connu sous le nom de Club des 27. Et oui, jimi hendrix est mort à 27 ans ainsi que Janis Joplin. Le culte que lui vouent ses fans éclipse cependant une œuvre poétique d'une grande richesse que Morrison lui-même a pu considérer comme sa principale activité. Morrison commence à écrire des chansons, dont plusieurs figurent sur les trois premiers albums de The Doors. Un jour qu'il se promène sur la plage de Venice Beach, il croise Ray Manzarek, qui était lui aussi fraîchement diplômé en cinéma. Les deux anciens élèves de l'UCLA discutent,et en viennent à parler musique. Ray Manzarek qui joue de l'orgue dans un groupe de rock, demande à Morrison de lui chanter une de ses compositions. Morrison aurait alors chanté « Moonlight Drive », un titre qui figurera sur Strange Days, le deuxième disque des Doors.

Immédiatement séduit par l'intensité lyrique des paroles, Ray Manzarek se serait exclamé : « Hey, man, let's form a rock band and make a million dollars ! » (« Eh, mec, formons un groupe de rock et gagnons un million de dollars ! »).  Jim Morrison propose alors immédiatement le nom de « The Doors », en le justifiant de cette façon : « Il y a le connu. Il y a l'inconnu. Et entre les deux, il y a la porte, et c'est ça que je veux être ». Il fait ainsi référence au livre de Aldous Huxley, "Les Portes de la perception", titre lui-même tiré d'une citation de William Blake : « If the doors of perception were cleansed everything/would appear to man as it is - infinite » (« Si les portes de la perception étaient nettoyées toute chose/apparaîtrait à l'homme telle qu'elle est - infinie », tiré de "The Marriage of Heaven and Hell", W. Blake).

Ces définitions donnés par Jim Morrison éclairent, par conséquent, la première partie de notre émission consacrée à la musique psychédélique ! Souvenez-vous,  le psychédélisme anglais, dont le cœur est le quartier Carnaby Street à Londres, se révélait plutôt pop et surtout plus empreint d'un onirisme inspiré des contes de Lewis Carroll comme Alice aux pays des merveilles par exemple ou de l'imaginaire métaphorique de William Blake, d'Aldous Huxley avec Les Portes de la perception . De plus, L'origine du mot « psyché » provient et prend un véritable sens grâce à une correspondance entre le psychiatre H. Osmond et le fameux écrivain A . Huxley dont Jim Morrison s’inspirait ...

Ouvrez les portes de la perception grâce à Jim Morrison dans la Note blanche ...


Enfin, sachez  que si je vous renvoie vers l'époque du psychédélisme, c'est bien parce-que tous ces artistes se sont énormément inspirés de la musique afro-américaine, dont le blues et le rythm and blues. D'ailleurs, si nous prêtons attention au chant de Jim Morrison, nous remarquons que sa voix est pratiquement celle d'un véritable bluesman ! La musique afro-américaine a provoqué une véritable révolution dans la musique jazz et rock. C'est un fait irrévocable ! Donc, si la Note blanche revient sur des styles différents et variés en matière de musique, c'est bien pour vous faire comprendre l'importance de l'influence des plus grands jazzmen ...


Playlist : 


  • Générique : « Musicawa silt» The Daktaris
  • Titre 1 :Sonny Sharrock « Many mansions » (9'31)
  • Mixe/Montage Frank Zappa « La Note blanche » : 1)« Dirty love » ,2) « Montana » 3)« What's the ugliest part of you »,4)« Lonely Littlle girl »5)« Absolutely free « 6)« Black Napkins »(17'54)
  • Mixe 2 : The Doors 1)« Riders of the storm », 2)« Strange days »,3)« People are strange » , 4))« The Changeling »,5)« You're lost little girl »  6) Light my fire (29'14)
  • Générique de fin :  « Light my fire »The Doors (03'09)


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Emission rédigée et réalisée par la Note blanche 

2 juil. 2019

Dernière lettre de Jim Morrison

Après avoir enregistré le sixième album du groupe, LA Woman, au printemps 1971, Jim Morrison quitte Los Angeles pour rejoindre sa compagne Pamela Courson à Paris. Le soir du 2 juillet 1971, il se serait rendu au Rock’n’Roll Circus dans l’espoir de trouver de l’héroïne pour elle, et selon la rumeur, il en aurait délibérément pris une dose pure et serait mort d’une overdose dans les toilettes du club. On soupçonne que, pour éviter qu’un scandale ne s’abatte sur les lieux, il aurait été ramené dans son appartement de la rue Beautreillis et placé dans la baignoire où il fut retrouvé. Voici une des dernières lettres connues d’un des membres les plus emblématiques du mythique Club 27.

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"Pardon de ne pas avoir écrit plus tôt"




18 mai 1971

Chers Franck et Kathy,

Pardon de ne pas avoir écrit plus tôt. Je n’ai pas l’impression qu’on soit là depuis longtemps. Nous avons voyagé en Espagne (le meilleur c’était Grenade), au Maroc, dans le sud de la France et en Corse où j’ai perdu ma veste, mon argent, etc. & nous avons du reprendre l’avion pour Paris en attendant plus. Si la Sicile ressemble à la Corse, il est probable que vous adoriez. Nous serons de retour à Paris vers le 7 juin jusqu’à septembre. Il y a une chambre en plus alors venez chez nous.

Comment va la vie ?

Dites bonjour à tout le monde et essayez de venir ici.

Jim

1 juil. 2019

Lettre de Jean Seberg aux camé : "Rien à foutre, on veut de la neige dans nos veines"

Le 30 août 1979, l’actrice emblématique de la Nouvelle Vague, épouse de Romain Gary, Jean Seberg, était retrouvée morte dans sa voiture. Un an avant son suicide (le rapport d’autopsie conclura à une surdose d’alcool et de barbituriques), elle adresse cette « lettre d’amour aux camés », violente protestation contre les ravages de la drogue, hymne dionysiaque à la vie.

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Février 1978


Salut les cons, les voyous, les roadies, et les blues jeans Renoma :

Je suis de passage et j’ai deux ou trois trucs à vous dire, comme ça. De quoi je me mêle ? De vous tous et de milliers d’autres. Une gueule est faite pour parler et une machine pour taper, et un être humain pour - comme disait le plus grand planeur de tous les temps - « aimer son prochain ». Voilà. Le shérif est en ville, et il va tirer. Et rien à foutre. Et un peu partout. Salut les reines des restes : restes de vous - même avec vos bébés nés en manque car vous étiez trop lâches pour avouer au toubib que vous étiez toxicos enceintes. Le môme pleure dans le coin, le linge sale et le ventre vide : pas de Nesquik pour lui, pas assez de blé. Juste assez pour que maman achète sa poudre. Juste assez pour qu’elle baise n’importe qui, n’importe comment pour avoir de quoi retrouver son dealer, sous une porte cochère. Vite. Vite. Il neige sur Paris… pied ! Rare ! Rien à en foutre, on veut de la neige dans nos veines. On espère qu’entre-temps le même n’a pas renversé ce qui traînait de Mari sur le canapé sale, à côté du dernier Mandrax. Fixette. Vite. Aiguille sale ? Hépatite ? Rien à foutre. San Sebastian de la Blanche, c’est pas notre faute. La société nous a fait comme ça. Mon vieux est un con. Maman n’a rien compris. Leila m’a laissé pour une autre. Tralala là et chiale, chiale. Chier, faites chier. Tous. Salut mes loulous, mes rouleurs de mes deux, kamikaze de la Harley, mes bras restent. C’est bien ? Tu es cool. Cool. Je sais. Si cool que tu peux plus réchauffer les pieds de ta bonne femme. Ecroulés côte à côte - hmmm, hmmm, pied - et si on essayait de baiser ? Blff.

Tellement mieux le flash, tellement mieux. Sales cons minables, vous osez vous défoncer en écoutant Dylan et Lay, Lady Lay. Vous êtes obscènes. Lui, il a ses emmerdes aussi, il doit vivre avec son génie - chose jamais facile, demande à Baudelaire, demande à Garrel, demande à Romain Gary et demande à Eustache - avec ses problèmes conjugaux. Et il bosse, le mec. Il est sur pied tous les jours, pour chanter Hurricane Carter pour vous. Vous êtes obscènes. (Putain, elle nous emmerde, mettons sa lettre dans les chiottes). Rien à foutre. Elle est vraiment trop square). D’accord, j’ai rien dit. Mais j’ai quand même envie de causer encore. Vous me casseriez la gueule ? Essaie donc : Pierrot mon Loulou élu viendra te saluer. Certains amis au teint basané me trouvent assez sympathique. Vous vous défoncez avec Sonny Criss ? Je vous l’interdis.

Interdis. C’était mon copain, et il essayait avec moi de vous décrocher. Et il jouait presque aussi bien que Yardbird Parker qui, sur son lit de mort, suppliait les jeunes musiciens de le croire quand il disait que son génie ne venait pas du cheval. Ça venait de son génie et de ses efforts au-delà du possible. Point c’est tout. Il travaillait. Ça s’apprend le sax. Tu te shootes avec Miles ? Ça se travaille la trompette. Des heures et des années chaque jour. Paul Desmond vous branche ? Moi aussi. Il fumait même pas les joints (à propos, puisque vous êtes tous si together, savez-vous qu’il vient de mourir avant la cinquantaine… de cancer ?). Et il est sublime Mick Jagger. Et Keith peut-être plus. Et ils se donnent à ne plus en finir pour vous. Et gracias, de nada, vous restez contre le mur avec le garrot, trop défoncé pour l’enlever.

Et Bobby Marley ? Qui ne l’aime pas ? Et il fait de la musique et de la politique, et il risque sa vie. Sniffette, sniffette. Et n’écoutez plus, je vous en prie, mon ami Memphis Slim. On est cool, huh ? (Elle peut pas la fermer celle-là. Pour qui elle se prend ? Pour une girl-scout ?). Et Hakim Jamal ?, cousin de Malcom X, ex-toxico, taulard, Muslim noir, plus bel homme qui a jamais marché sur la terre : il est mort mon Jamal - huit balles dans le ventre. Trois junkies revenus du Vietnam l’ont fait. Vietnam. OK (circonstance atténuante), mais vous m’avez tué Jamal. Oh, t’en fais pas, je fais pas du racisme à l’envers. J’ai connu des salauds et des minables, des crados et des paresseux de toutes les couleurs.

Bon, basta. J’arrête. Je fume une sèche, je bois une bière. Et je plane. Avec Count Basie, The Count. Je vais prendre un bain et mettre des pétales de rose dedans. Je la boucle, vous me fatiguez trop. Juste, une dernière chose, les copains, André Malraux, connais ? Moi, si. Assez bien. Et de toute sa vie, il a fumé trois boulettes d’opium, juste pour décrire le vieux Gisors. Trois. OK ? Salut les vauriens. Bacci. The Count joue Two for the blues et ça plane sec ! Navré pour la sèche, Madame Weil… Personne n’est parfait, n’est-ce pas ?

Quinze minutes.

Me revoilà ! Caftan, encens, parfum. The Count joue Jump for Johnny et je laisse tranquille mes camés avec leur overdose : qu’ils crèvent dans leurs vomis. […] Et je m’adresse maintenant aux poulets. Calmement. Je sais que vous faites un métier aliénant. Je sais que vous en avez marre. Mais ce n’est pas une raison pour terroriser Garrel et sa belle dame et tous les autres. […] Ne frappez plus mes potes qui essaient douloureusement de sortir de leur désespoir. Tenez-vous bien, je vous en prie. Vous savez mieux que moi où est la came, vous savez qui la fabrique, d’où elle vient, et qui en profite. Soyez des gardiens de la paix : DE LA PAIX. C’est noble. […] Bref, n’oubliez pas votre premier catéchisme. « Aime ton prochain comme toi-même ! » Donc tenue et calme et aimez-vous les uns les autres. Chacun de nous chante ses blues. Merci.


PS : Je sais que je vais trop loin, mais je n’aime pas à oublier cette phrase d’André Malraux : « Faire connaître aux hommes la grandeur qu’ils ignorent en eux. » Salut.




Extrait A Bout de souffle, J. L Godard (1960) :