26 déc. 2019

"Prince Of Peace" dans la Note blanche en podcast ...

La Note blanche revient sur les ondes pour Noël afin de vous offrir de nouvelles découvertes musicales ...




Ecoutez le podcast de l'émission en cliquant sur les liens ci-dessous : 


Soundcloud:https://soundcloud.com/la-note-blanche/e45s03-la-note-blanche-prince-of-peace


Malgré la pluie bretonne, j'ai de  nombreuses couleurs chaudes à vous apporter ! Comme d'habitude, j'ai un programme bien chargé pour vous chers mélomanes !! Puisque c'est Noël, Je me ferai plaisir pour vous faire plaisir car j'entamerai cette émission avec un grand maître du saxophone ténor: Pharoah Sanders !!! Pour la petite histoire, en 1962, Pharoah Sanders s'installe à New York et reçoit rapidement le surnom de "Pharoah" par les membres de Sun Ra. En 1965, il joue dans le groupe de John Coltrane au moment où ce dernier commence à expérimenter un nouveau style de jazz, qu'on appellera plus tard le free jazz ... 


Ainsi, c'est dans ce style que Pharoah Sanders s'illustrera par la suite. Parmi ses collaborations célèbres, on peut noter celles où chante le vocaliste Leon Thomas et nous entendrons aussi le pianiste Lonnie Liston Smith ! Grâce à son grand intérêt pour l'Islam, Pharoah joue une musique spirituelle et marque une attirance et un retour vers la musique africaine. C'est pour ces raisons que Pharoah Sanders est considéré comme l'un des inventeurs de L'ethno-jazz. Après cette brève historique j'embrayerai sur ma sélection !! Le premier titre sera « « Elevation» extrait de l'album éponyme « Elevation» sorti en 1974 sur le label Impulse ! Vous entendrez ensuite Japan qui provient de l'album Tauhid sorti en 1966 sur le label Impulse également ! Et nous aurons à nouveau le plaisir de savourer la voix de Leon Thomas et son yodeling grâce à « Prince of Peace » , un morceau extrait de l'album «  Izipho Zam »sorti en 1969 toujours et encore sur le fameux label Impulse !!  

Fermez les yeux et laissez vous porter par la puissance musicale de Pharoah dans la Note blanche ...

 

Je resterai auprès de Pharoah en vous passant deux de mes titres préférés ! Disons que c'est un peu mon cadeau de Noël ! Il s'agit du titre « Harvest time » extrait de l'album « Pharoah » sorti en 1977 sur le label India Navigation.  Puis j'enchaînerai avec un morceau de Pharoah beaucoup plus funky et qui est surtout un cri pour la liberté ! Le morceau a pour titre « You've Got have freedom » extrait de l'album « Journey to the one » sorti en 1980 sur le label Theresa Records !


La Note blanche vous souhaite un excellent voyage vers les sons de la liberté de Pharoah Sanders sur Radio Balises ...


 

Cette émission consacrée aux sons cosmiques du saxophone de Pharoah Sanders s'achève sur ces dernières notes de liberté ! Cependant, sachez que j'ai encore plein de titres à partager car son œuvre musicale est infinie !! Je vous conseille d'ailleurs impérativement les albums où Pharoah accompagne John Coltrane car ce sont de véritables bijoux  : 

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1965: Ascension (Impulse!)
1965: Kulu Sé MaMa (Impulse!) 
1965: Meditations (Impulse!) 
1966: Live At The Village Vanguard Again! (Impulse!) 
1966: Live In Japan (Impulse!)

Merci à tous et à toutes d'être fidèle au poste et aux ondes de la Note blanche et je vous souhaite à tous et à toutes un Noel  et une belle semaine en musique ♫♫♫

Comme d'habitude, la Note blanche revient samedi prochain à 17h pour de nouvelles surprises en musique ainsi que mercredi à 11h pour la rediffusion de cette émission ! Pour ceux qui en veulent toujours encore et encore et encore,et surtout pour ceux pour qui c'est Noël tous les jours lorsqu'il y a de la musique, sachez que vous pouvez pianoter de vos dix petits doigts de mélomane:https://radiobalises.com/  pour vous rendre sur la page officielle de la note blanche qui contient tous les podcasts et toutes les informations sur les titres diffusés.


Playlist : 


  • Générique: "Musicawi-" The Daktaris
  • 1 : « Elevation » (18'01)
  • 2 : « Japan » de Pharoah Sanders (03'04)
  • 3 : « Prince of peace » de Pharoah Sanders (08'52)
  • 4 : « Harvest time » de Pharoah Sanders (20'17)
  • 5 : « You've Got have freedom »  de Pharoah Sanders (6'52)
  • Générique de fin : « Musicawi » The Dakaris


Ecoutez le podcast de l'émission en cliquant sur les liens ci-dessous:



Emission rédigée et réalisée par la Note blanche ...

22 déc. 2019

Alain Damasio, La Zone du dehors (extraits)

Que JE ne sois pas un autre. Que jamais il ne le devienne. Voilà la stratégie de fond d'une gouvernement moderne.


L'assignation à personnalité, chacun sait qu'elle commence au sortir du ventre de notre mère avec l'acte de naissance, qu'elle découle du prénom et du nom qu'elle s'inscrit dans le dossier psychologique, signe le livret scolaire, s'étire sur le parcours professionnel répertorié par ce Clastre qui nous hiérarchise tous et qui nous attribue place, case, et rang, et s'exhibe au bout sur la Carte, qui a fini par ramasser sur une simple puce l'ancienne et presque rassurante dispersion des pièces d'identité, du permis de conduire, du carnet de santé, des cartes de séjour, de travail, d'allocation, de crédit, et jusqu'au dossier professionnel, jusqu'au casier judiciaire. Épingler chacun à sa personnalité. A sa biographie archivée. A son identité claire et classée. Que l'on prend soin de prélever tout au long de notre vie. Sans violence mais sans fléchir. Voilà qui permet de fixer les têtes, n'est-ce pas, de les arrimer à elles-mêmes comme on visse le fou à sa folie - une folie savante de bulletin psychiatrique avec ses notes et ses normes, ses seuils minima et maxima, ses moyennes et ses écarts à la moyenne...tout ce qu'un appareil rodé de savoir peut produire pour ordonner le désordre. Confisquer le rapport à soi dans l'épaisseur d'un dossier jamais clos. Vous dire qui vous avez été, comment vous êtes et qui vous devrez être. Non pas mutiler, non pas opprimer ou réprimer l'individu comme on le crie si naïvement : le fabriquer. Le produire de toutes pièces et pièce à pièce. Même pas ex nihilo : à partir de vous-mêmes, de vos goûts, désirs et plaisirs ! Copie qu'on forme tout simplement.


Se libérer, ne croyez surtout pas que c'est être soi-même. C'est s'inventer comme autre que soi. Autres matières : flux, fluides, flammes...Autres formes : métamorphoses. Déchirez la gangue qui scande : "vous êtes ceci", "vous êtes cela, "vous êtes...". Ne soyez rien : devenez sans cesse. L'intériorité est un piège. L'individu ? Une camisole. Soyez toujours pour vous-mêmes votre dehors, le dehors de toute chose".

Dans La Zone du dehors, Alain Damasio y dépeint une société où la surveillance et le contrôle des individus n’ont même plus besoin de la contrainte directe par le pouvoir : chacun a été amené à désirer ce mode de contrôle pour sa sécurité et son bien-être.

Dans cette société, le Clastre est un gigantesque programme de classement des individus, qui les hiérarchise selon une multitude de critères.

Le héros, Capt, est un professeur de philosophie à l’université, et voici une partie de son cours sur la déformation qu’une société peut faire subir à l’identité de l’individu.

« (…) Le dividuel, c’est l’individuel divisé, l’individu fragmenté en plusieurs morceaux, mis en pièce. Ou plus exactement : le dividuel, c’est le produit de cette fragmentation, c’est-à-dire, si vous voulez, le morceau, la pièce » .

« Le Clastre est un traitement régulé qui intervient sur cette fragmentation, la prend rationnellement en charge et l’accélère. Il déconstruit, mais pour remodeler ensuite. (…)

Il déconstruit la façon dont notre conscience cherche à se saisir dans sa vérité. (…)

Il faut comprendre que le Je n’est pas donné d’avance. Il est l’effet d’une production de soi. L’individualité est une composition. Il faut entendre composition, non comme un résultat figé, mais comme un processus en perpétuel devenir. Au sein de cette composition jouent un certain nombre de forces qui tantôt se conjuguent, s’associent, tantôt se subjuguent, tantôt se parasitent et s’exploitent, tantôt influent ou refluent les unes sur les autres, en filets ou en faisceaux. L’analyse de ces forces peut être très diverse, et relève d’un découpage philosophique propre à chaque penseur. » 

Alain Damasio fait alors appel à la conception de Michel Foucault qui voit dans toute société trois types de forces : les pouvoirs, les savoirs et les processus de subjectivation. C’est au troisième type qu’une organisation sociale par fichier — le Clastre, dans ce roman — va s’attaquer pour être la plus efficace.

Capt poursuit son cours :

« La technique du Clastre consiste par conséquent — vous pouvez noter :

1. Déconstruire l’individualité que s’est constituée le sujet, donc :

2. Fragmenter la personnalité. D’abord en quatre pièces distinctes : biologie, comportement social, aptitudes et performances.

3. Affiner la fragmentation, en subdivisant les dividuels obtenus en sous-dividuels, puis en sous-sous-dividuels, etc. jusqu’à la plus petite unité dividuelle politiquement utile. Nous appellerons « trait » cette unité minimale. Nous avons vu que le Clastre nous découpe en plus de quatre cents traits de caractères.

4. Isoler chacun de ces traits. Défaire les liens qui les unifiaient au sein de la personnalité. Cette étape est cruciale puisqu’elle assure, pour les pouvoirs, l’éparpillement des pièces qui, liées dans notre corps, nous faisaient nous produire comme une personnalité « personnelle », si je puis dire.

5. Soumettre chacun de ces traits à une évaluation qualitative et quantitative : examiner, mesurer, noter. Homogénéiser les notes ainsi obtenues. Corriger les écarts. Lisser les anomalies.

6. Hiérarchiser les notes lissées. Les distinguer en poids et en importance afin de valoriser spécialement les traits les plus utiles à la société : amabilité, docilité, conformisme, respect des normes, etc.

À partir du point 7 commence la reconstruction de la personnalité.

7. Grouper à présent les traits entre eux, selon les exigences sociales en cours. Par exemple, la beauté du visage avec la fréquence des sourires, pour imposer un modèle de sociabilité. Ou un âge et une biologie avec des performances pour constituer le caractère « productif ».

8. Recomposer enfin toute la personnalité qui avait été mise en pièces, en fonction des regroupements établis et des hiérarchies attribuées à ces groupements.

9. Noter le composé final. Attribuer le rang équivalent à cette note. Attribuer le nom équivalent à ce rang.

10. Assigner ce nom — avec un portrait rédigé de deux pages et toutes les notes attribuées aux quatre cents traits de personnalité — à l’individu traité ».

Certes, nous ne vivons pas dans une telle société qui nous attribuerait un nom en fonction de la hiérarchie sociale. Mais on peut se demander si ce processus de fragmentation n’agit pas déjà pleinement, ne serait-ce que dans les données quantitatives résultant des sondages d’opinion ou des études de marché qui conduisent à répartir les individus en des catégories (ou dividualités) toujours plus ramifiées.

À partir de quand cesse-t-on d’être un individu, ayant à construire son identité personnelle dans la continuité, pour devenir une recomposition artificielle et fonctionnelle de dividuels, gérés par différents organismes ?

Pour mon bien-être par exemple, tel site de vente sur Internet aura retenu l’historique de mes achats pour déterminer mes goûts et anticiper sur de futures ventes. Pour la sécurité de tous et de chacun, on envisagerait de ficher mes diverses activités susceptibles d’intervenir dans la société, voire de la troubler.

Rien de désagréable ni de contraignant, apparemment…

« Mais c’est précisément la grande force d’un système tel que le Clastre que (…) de paraître aussi inefficace qu’inoffensif. C’est pourtant devenu une loi dans nos sociétés : plus un pouvoir se veut efficace, moins il se manifeste comme pouvoir ».

La société s’adresse de moins en moins à des individus, et construit des argumentaires spécifiques pour chaque type de dividuels. Et puisque chacun semble y trouver son compte, on finit par croire que l’on se définit en tant que tel ou tel dividu.

En définitive, le dividuel est ce qui vient rompre avec les trois grands critères de l’identité personnelle que sont l’unité, l’unicité et l’ipséité.


Alain Damasio,  La Zone du dehors "La Volte"



Articles :


 La Zone du dehors, en résumé sur France Culture : "2084. Orwell est loin désormais. Le totalitarisme a pris les traits bonhommes de la social-démocratie. Souriez, vous êtes gérés ! Le citoyen ne s'opprime plus : il se fabrique. A la pâte à norme, au confort, au consensus. Copie qu'on forme, tout simplement. Au coeur de cette glu, un mouvement, une force de frappe, des fous : la Volte".



Vos Souvenirs sont votre avenir (Monde Diplomatique) : ""Nous avons une cellule spécialisée dans le storytelling conspirationniste. Scénaristes, réalisateurs, écrivains, conteurs, anthropologues et mythologues. Plus les psys. Les théories du complot obéissent à un besoin de réassurance, vous le savez. Dans un terreau paranoïde comme la société israélienne, c’est un excellent choix. Nous travaillons par générations successives d’infos partielles et éclatées, issues de sources perçues comme crédibles mais occultes, en favorisant les effets de viralité. En doublant des souvenirs encodés dans les réseaux physiques, par l’eau, et des « preuves » laissées sur les réseaux numériques, nos mythologues fabriquent des MEM — mémoires à effets mimétiques — qui deviennent rapidement très partagées. Ensuite, nous laissons infuser quelques semaines, afin de voir dans quel sens se construit le récit imaginaire, et nous l’accompagnons. Cette technique évite les risques de rejet puisqu’on s’appuie sur les attentes du public et ses propres pulsions narratives. Le complot est un magnifique producteur d’histoires romanesques, très proche du thriller dans sa soif de dévoilement progressif. Après incubation, notre cellule prend le relais en canalisant la conduite de récit, en essaimant çà et là des indices, en suscitant des twists, plot points, climax, fausses pistes, etc".


— Vous mettez en scène l’imaginaire des gens…"



Surveiller et punir, Michel Foucault : 


Résumé Surveiller et punir, Michel Foucault (1975) PDF : 

http://www.adeppi.be/fichiers/publications/Surveiller%20et%20punir.pdf


"Le moment historique des disciplines, c’est le moment ou naît un art du corps humain, qui ne vise pas seulement la croissance de ses habiletés, ni non plus l’alourdissement de sa sujétion mais la formation d’un rapport qui dans le même mécanisme le rend d’autant plus obéissant qu’il est plus utile, et inversement. Se forme alors une politique des coercitions qui sont un travail sur le corps, une manipulation calculée de ses éléments, de ses gestes, de ses comportements ». La discipline fabrique des corps soumis et exercés, des corps « dociles ».


Résultat de recherche d'images pour "michel foucault panoptique"Ce que Foucault a perçu de notre société, n’a cessé d’inspirer. D’autres philosophes, tel Gilles Deleuze, mais aussi ceux qui tentent d’anticiper ce que pourrait devenir notre société. C’est le cas, notamment, d’Alain Damasio, romancier et auteur de la Zone du Dehors, dont les écrits ont été fortement influencés par les travaux de Foucault, et notamment par le concept du panoptique de Bentham. Caméras de surveillance, smartphones, affaire PRISM… Les problématiques autour de la surveillance tendent à prouver que ce qu’a perçu le philosophe de notre société, est, plus que jamais, d’actualité.

Foucault cherche à rendre visible ce qui l’est déjà, à “faire apparaître ce qui est si proche, ce qui est si immédiat, ce qui est si intimement lié à nous-mêmes qu’à cause de cela nous ne le percevons pas”.

Évoquer Foucault, c’est immédiatement songer à l’ouvrage le plus emblématique de sa pensée :Surveiller et punir, paru en 1975. Michel Foucault y décrit la prison, le supplice, et s’intéresse particulièrement aux questions de contrôle et de discipline. Il dresse un constat essentiel à sa réflexion : là où les dynamiques de punition ont été, depuis le XVIe siècle, un moyen pour le pouvoir d’être visible, elles tendent peu à peu à s’inverser. Le pouvoir ne souhaite plus s’exposer ; le plus grand nombre doit être visible du plus petit nombre.

Face à l’ordre rigide, Foucault dégage la pensée de l’autodiscipline, des normes souples, et esquisse les grandes lignes d’une société de surveillance et de contrôle qui va être rendue réelle grâce à l’essor des technologies.

Dans “Surveiller et punir”, le philosophe consacre tout un chapitre au panoptique, cette invention de Jeremy Bentham, philosophe et réformateur britannique, dont le principe est le suivant : le panoptique est une tour centrale dans laquelle se trouve un surveillant, autour de cette tour des cellules sont disposées en cercle. La lumière entre du côté du prisonnier, et le surveillant peut ainsi le voir se découper en ombre chinoise dans sa cellule. Il sait si le détenu est présent ou non, ce qu’il fait ou ne fait pas. A l’inverse, le surveillant étant invisible, le prisonnier ignore s’il est surveillé ou non. Ce principe, Foucault ne le cantonne pas à la prison, mais l’étend aux ateliers de fabrication, aux pensionnats, aux casernes, etc.

Le panoptique, c’est finalement faire de la visibilité la prison. On cesse d’enfermer pour mettre en pleine lumière. L’essentiel, c’est que l’on se sache surveillé. Le pouvoir est automatisé et désindividualisé, puisqu’il n’est pas vu.

“L’effet du panoptique est d’induire chez le détenu un état conscient et permanent de visibilité qui assure le fonctionnement automatique du pouvoir. (...) La surveillance est permanente dans ses effets, même si discontinue dans son action”, écrit Michel Foucault.
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Le modèle architectural qui symbolise l’avènement des prisons modernes est le « panoptique ». Inventée à la fin du XVIIIe siècle par le philosophe anglais Jeremy Bentham (1748-1832), cette « maison d’inspection » n’est pas exclusivement réservée aux détenus : dans Panopticon, un livre paru en 1791, le réformateur britannique estime qu’elle peut également s’appliquer à d’autres lieux de « surveillance » – manufactures, hôpitaux ou écoles. Il s’inspire des travaux de son frère Samuel, un ingénieur qui a imaginé, quelques années plus tôt, un atelier industriel de ce type en Russie. 

Le principe du panoptique est simple : une tour centrale permet aux geôliers de surveiller, sans être vus, tous les faits et gestes des prisonniers, enfermés en cellules dans un bâtiment en anneau encerclant la tour. Le philosophe libéral, qui a été proclamé « citoyen d’honneur » par la Révolution française, y voit un immense progrès : la morale sera « réformée », la santé « préservée », l’industrie « revigorée », l’instruction « diffusée », les charges publiques « allégées », l’économie « fortifiée ». « Le nœud gordien des lois sur les pauvres non pas tranché mais dénoué – tout cela par une simple idée architecturale », écrit-il dans son livre. 



Dans Surveiller et punir, paru en 1975, Michel Foucault estime que cette « visibilité organisée entièrement autour d’un regard dominateur et surveillant » est au cœur du modèle disciplinaire moderne. « Le vrai effet du Panopticon, c’est d’être tel que, même lorsqu’il n’y a personne, l’individu dans sa cellule, non seulement se croie, mais se sache observé, qu’il ait l’expérience constante d’être dans un état de visibilité pour le regard. » « Pas besoin d’armes, de violences physiques, de contraintes matérielles. Mais un regard qui surveille et que chacun, en le sentant peser sur lui, finira par intérioriser au point de s’observer lui-même : chacun, ainsi, exercera cette surveillance sur et contre lui-même. »

C’est cette idée que s’approprie Alain Damasio dans son premier roman d’anticipation, La Zone du Dehors, où il créé une société dystopique nommée Cerclon, et où il extrapole le concept de panoptique décrit par Michel Foucault. Au coeur du problème : la mutation d’un régime de pouvoir, qui s’étend au-delà de la prison. Blas P. (La Note blanche)

“Ce que Foucault sent, c’est que le pouvoir va devoir procéder autrement, beaucoup plus souplement, insidieusement, et en faisant une sorte d’échange : on troque une partie de notre liberté au nom d’une vie plus fluide. Il anticipe le fait qu’on passe d’un régime disciplinaire à un régime plus normatif”, explique Alain Damasio.

EmissionFranceCulture(podcast):http://www.franceculture.fr/2014-06-13-la-societe-de-surveillance-de-foucault


Les autres œuvres d'Alain Damasio : 


  • La Horde du Contrevent (2004)
  • Les Furtifs (2019)


Le monde d'Alain Damasio en musique : 


Pour La Horde du Contrevent, l'auteur avait pour objectif d'ajouter de la musique à son oeuvre afin que le lecteur s'immerge dans l'univers décrit. Il parvient à le faire avec Les Furtifs. Voici un court montage du groupe Rone où Alain Damasio défend ses positions politiques, philosophiques et littéraires pour la sortie des Furtifs. "La nécessité d'être". 

18 déc. 2019

"Le Berceau du blues: le Mississippi" (Partie 2)

Il fait froid, Noel se rapproche alors tout le monde fatigue mais heureusement la Note blanche est de retour sur les ondes pour ouvrir la seconde partie sur l'histoire du Delta blues ...



Rappelez-vous l'émission du 28 décembre, je vous ai parlé de la naissance du blues dans le Mississippi. Nous avions eu la joie découvrir en musique, des bluesmen comme Son House, Skip James, le sorcier Robert Johnson et  un autre mythe du genre, Big Joe Williams ! 

Ecoutez l'émission en cliquant sur les liens ci-dessous:

Pour cette seconde partie, nous passerons à la naissance du blues moderne... Au milieu des années 40, le blues se métamorphosa. Les dernières intonations rurales disparurent derrière une nouvelle forme plus structurée suite à l'émigration du blues vers Chicago. Les producteurs et les entrepreneurs comprirent l'intérêt qu'ils pouvaient tirer de cet art noir. Un élément important et essentielle favorisa la modernisation du blues, sa transformation en musique urbaine. En 1932, la marque Rickenbacker construisit la première guitare électrique ! La révolution était lancée ! Si le jazz, d'un côté, continuait de manifester son influence sur le blues, de l'autre, il s'effaçait derrière une sonorité plus dure et beaucoup plus agressive.

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Résultat de recherche d'images pour "B B King"Pour commencer cette émission en beauté, nous écouterons le roi du blues : B. B. King! B. B. King est né en 1925 à Indianola dans le Mississippi. Le musicien devient guitariste et chanteur. Il demeure en roi sur le blues et auteur d'un répertoire prolifique en 60 ans de carrière ! Il débuta à Memphis à la fin des années 40, comme disc-jockey. Il était alors sous l'influence des jeux suaves et jazzy des grands musiciens comme T-Bone Walker ou Lonnie Johnson. Cependant, il quitta assez vite le rôle d'héritier pour devenir une véritable star du blues, associant un chant gospel, chaleureux, à la sonorité velouté de sa guitare, et accompagné de cuivres languides. La communauté noire appréciait cet artiste élégant, créateur d'un blues swing sensuel. B. B. King mena une carrière régulière, avec quelques bas, mais à chaque fois, il revenait au sommet, toujours plus fort musicalement. En 1969, sa version de la ballade « The Thrill is Gone » lui permit de se hisser en tête des hit-parades. B. B. King a fait entrer le blues dans la respectabilité et dans le prestige. 

Dans sa longue carrière, les meilleures plages de B. B. King viennent de la période 1954-1968. Par conséquent, nous écouterons un de ses plus gros hits, un morceau dédié aux cœurs amoureux, il s'agira de « Stand by me » sorti en 1961 sur le label Atlantic. Puis nous enchaînerons avec le titre «Chain in things », sorti en 1966 sur le label ABC Records. Nous terminerons sur le morceau « Lucille », sorti en 1968 sur le label MCA Records aussi magnifique dans les paroles que sublime à la guitare !

La Note blanche vous fera vibrer  grâce à B. B. King ...


Après la sensualité de la voix B. B. King, nous ferons place à T-Bone Walker ! Qui était T-Bone Walker ? C'était tout d'abord l'auteur de la ballade « Call It Stormy Monday » réédité en 1995 sur le label Orbis. T-Bone Walker ne vient pas du blues de Chicago mais du Texas. Il fait partie des pionniers les plus importants du blues moderne. Il fut l'un des premiers musiciens à avoir empoigné la guitare électrique pendant les années 30. Le musicien joua surtout dans la région de San Francisco, créant du blues suave, inspiré par les rivages souriants de Californie et le jazz pour une grande partie de son œuvre. De plus, il a souvent accompagné de grands orchestre notamment celui de Cab Calloway. Chaque note joué par T-Bone Walker est claire et nette. Son jeu légèrement électrifié, fluide, rapide, se marie parfaitement avec les cuivres, et le son du delta blues ! Il a influencé les meilleurs guitaristes de l'histoire comme B. B. King que nous avons écouter tout à l'heure mais également Jimi Hendrix, Freddie King, Buddy Guy, Eric Clapton, Stevie Ray Vaughan...T-Bone Walker est un maître. 

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Nous enchaînerons sur la musique de T-Bone Walker avec les titres « Evenin » sorti en 1959 sur le label Atlantic, « Shuffle » réédité en 1995 sur le label Charly Records, et je terminerai par « Guitar Boogie » qui est une véritable performance et surtout un morceau pour vous faire danser ! « Guitar Boogie » est ressorti en 1975 sur le label Atlantic !

La Note blanche vous fera danser sur du blues grâce à T-Bone Walker ...

Suite à la naissance du blues moderne, nous parlerons et écouterons bien sûr, le blues d'après-guerre. Face à la musique sophistiquée d'un T-Bone Walker ou d'un B.B. King, la tonitruante ville de Chicago donna naissance, après la guerre, à un blues électrique bien plus âpre et sombre qui mena directement au rock and roll. Les meilleurs bluesmen vinrent tenter leur chance dans ce bouillonnant chaudron musical dominé par des figures centrales dont Willie Dixon et John Lee Hooker. 

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Je commencerai par ouvrir ce chapitre sur l'après-guerre avec le bluesman Willie Dixon!Un contrebassiste surdoué, Willie Dixon est né dans le Mississippi et a obtenu ce qu'aucun bluesman avant lui n'a réussi : le musicien est parvenu à mêler musique, inspiration et business ! Il incarne à lui seul la grande vitalité du blues de Chicago au sein de la maison de disques Chess, et à composer les plus connus de l'époque. 

Son œuvre est immense et je vous donnerai un aperçu grâce aux titres « Spoonful » sorti en 1960 sur le Chess, « Hoochie Coochie Man » sorti en 1954 également sur le label Chess, « I Ain't Superstitious » sorti en 1962 encore et encore sur le label Chess et nous terminerons sur les notes du morceau « Back Door Man » sorti en 1966 sur, cette fois-ci, le label Electra !

Continuez à danser autour de l’œuvre de Willie Dixon dans la Note blanche...


Afin de poursuivre encore un peu sur l'histoire du blues, vous écouterez « Boom Boom » de John Lee Hooker réédité en 1992 sur le label PointBlank. John Lee Hooker est né dans le Mississippi, au cœur de toute la musique que l'on a entendu durant ces deux parties sur le blues. Le musicien représente la touche plus sauvage, plus primitive du blues moderne. Il ne possède ni la civilité ni la structure d'un Muddy Waters, mais son art primitif parle peut-être plus à la jeunesse, reste à vérifier, à voir et surtout à écouter!

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Attention, voici un autre géant du blues et ça va faire « Boom Boom»  dans vos cœur...


Pour finir, je terminerai cette émission dédiée au blues avec Muddy Waters, une autre grande légende du genre ! Au lieu d'entendre le fameux générique de la Note blanche, vous aurez la chance d'écouter « Mannish Boy » de Muddy Waters ressorti en 1996 sur le label Def Jam Recording.

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Une dernière note de blues dans la Note blanche...


C'est sur ces notes de Muddy Waters que je clôturerai ces deux chapitres consacrés au Delta blues ! Mais la Note blanche revient samedi prochain à 17h pour de nouvelles aventures musicales ...



Playlist : 



  • Générique : « Musiqawi-silt » The Daktaris
  • 1 : B. B. King « Stand by me » (2'54)
  • 2 :  B. B. King « Chains in things » (4'53)
  • 3 : B. B King « Lucille » (10'13)
  • 4 : T-Bone Walker « Call It stormy Monday » (02'25)
  • 5: T-Bone Walker « Evenin » (2'43)
  • 6: T-Bone Walker « Shuffle » (3'01)
  • 7: T-Bone Walker « Guitar Boogie » (3'19)
  • 8: Willie Dixon « Spoonful » (4'59)
  • 9: Willie Dixon « Hoochie Coochie Man » (4'47)
  • 10 : Willie Dixon « I Ain't Superstitious » (2'55)
  • 11 : Willie Dixon « Back Door Man » (4'55)
  • 12 : John Lee Hooker « Boom Boom » (4'19)
  • Générique de fin : Muddy Waters « Manish boy » (5'29)




Emission réalisée et rédigée La Note blanche