25 août 2018

BLACKKKLANSMAN - J'ai infiltré le Ku Klux Klan, Spike Lee (2018)

Synopsis et détails :


Résultat de recherche d'images pour "blackkklansman"Au début des années 70, au plus fort de la lutte pour les droits civiques, plusieurs émeutes raciales éclatent dans les grandes villes des États-Unis. Ron Stallworth devient le premier officier Noir américain du Colorado Springs Police Department, mais son arrivée est accueillie avec scepticisme, voire avec une franche hostilité, par les agents les moins gradés du commissariat. Prenant son courage à deux mains, Stallworth va tenter de faire bouger les lignes et, peut-être, de laisser une trace dans l'histoire. Il se fixe alors une mission des plus périlleuses : infiltrer le Ku Klux Klan pour en dénoncer les exactions.



En se faisant passer pour un extrémiste, Stallworth contacte le groupuscule : il ne tarde pas à se voir convier d'en intégrer la garde rapprochée. Il entretient même un rapport privilégié avec le "Grand Wizard" du Klan, David Duke, enchanté par l'engagement de Ron en faveur d'une Amérique blanche. Tandis que l'enquête progresse et devient de plus en plus complexe, Flip Zimmerman, collègue de Stallworth, se fait passer pour Ron lors des rendez-vous avec les membres du groupe suprémaciste et apprend ainsi qu'une opération meurtrière se prépare. Ensemble, Stallworth et Zimmerman font équipe pour neutraliser le Klan dont le véritable objectif est d'aseptiser son discours ultra-violent pour séduire ainsi le plus grand nombre. Sachez que cette intrigue ne manque pas d'humour malgré la tragédie de la situation !

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Date de sortie: 22 août 2018 (2h 16min)
De: Spike Lee (R.E.S.P.E.C.T !)
Avec: John David Washington, Adam Driver, Topher Grace, etc
Genres: Biopic, Comédie, Policier
Nationalité: Américain

Bande-annonce : 



BLACKKKLANSMAN : Soundtrack



Playlist complète à retrouver également sur Spotify:https://open.spotify.com/user/g0u1d1e1/playlist/44dODinhBz574Q4uL3Z1j0

Critiques : 



"Au casting, on retrouve Harry Belafonte, un acteur, chanteur et militant. Dans les années 1950 et 1960, il est le premier acteur noir à lutter pour les droits civiques et devient le confident de Martin Luther King Jr. Dans BlacKkKlansman, il joue un militant âgé qui, lors d’une conférence avec une association étudiante du Black Power, raconte le lynchage de Jesse Washington.

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Pour se rapprocher au maximum des faits réels, le film s’est aidé d’un article écrit par W.E.B. Du Bois, un militant de l’époque, qui avait publié, en juillet 1916, un compte rendu des événements long de huit pages dans le journal mensuel de l’Association nationale pour la promotion des gens de couleur (NAACP), The Crisis. Slate l’a récemment repris :

"De grandes masses d’humanité se précipitaient le plus vite possible dans les rues de la ville pour être présentes sur le pont au moment où la pendaison aurait lieu, mais quand on apprit que le Nègre serait emmené sur la pelouse de la mairie, une foule d’hommes, de femmes et d’enfants s’est dirigée vers cette pelouse.

Au moment où le corps allait être brûlé, les gens voulaient montrer leur engagement et se sont mis à frapper le Nègre avec tout ce qu’ils trouvaient, certains l’ont frappé avec des pelles, des briques et des bâtons, d’autres l’ont poignardé alors qu’il était pendu. Son corps était rouge, le sang de ses nombreuses blessures avait recouvert son corps de la tête aux pieds."

À l’occasion de la 71e édition du Festival de Cannes, où le long-métrage a remporté le Grand Prix en mai dernier, Spike Lee confiait qu’il n’était pas sûr qu’Harry Belafonte puisse figurer dans le film. "À 91 ans, il nous a fait cet honneur", a-t-il ajouté, comme le rapporte AlloCiné".



Quelques mots de la Note blanche : 


Ce film met la lumière sur le suprématisme blanc et sur la réaction des activistes connus sous le nom de Black Panthers. L'histoire, inspirée sur des faits réels, se passe dans les années 70. Cependant, même si le monde se fait plus discret ou je dirai même, plus insidieux dans ses propos, le racisme  perdure. La lutte pour l'égalité des droits est très loin d'être terminée. Vous le savez, nous le savons tous. Les dernières images du film de Spike Lee nous montre la violence meurtrière de la manifestation d'août 2017 qui eu lieu à Charlottesville. Souvenez-vous des paroles de Donald Trump : "« J’ai regardé de très près, de beaucoup plus près que la plupart des gens. Vous aviez un groupe d’un côté qui était agressif. Et vous aviez un groupe de l’autre côté qui était aussi très violent. Personne ne veut le dire. Que dire de l’“alt-left” qui a attaqué l’“alt-right” [terme revendiqué par l’extrême droite] comme vous dites ? N’ont-ils pas une part de responsabilité ? » ; "Les propos présidentiels ont été immédiatement salués par David Duke, un ancien dirigeant du Ku Klux Klan, qui était présent à Charlottesville samedi. «Merci, président Trump, pour votre honnêteté et votre courage »,a-t-il écrit sur Twitter, louant le locataire de la Maison Blanche d’avoir «dit la vérité» et dénoncé«lesterroristesdegauche».(Articlesource:https://www.lemonde.fr/donaldtrump/article/2017/08/15/charlottesville-trump-fait-marche-arriere-et-reaffirme-que-les-torts-sont-partages_5172716_4853715.html

David Duke,  homme politique des États-Unis, promoteur de théories racistes, militant de la suprématie blanche et d'un « nationalisme blanc », a accordé son soutien tout au long de la campagne de Trump et a grassement remercié le speech du président Trump lors des manifestions de Charlottesville ... Nous devons rester à l'écoute, ouvrons les yeux, ne restons pas aveugle face à la haine raciale car l'Histoire du suprématisme blanc n'est pas terminé.  La Note blanche

22 août 2018

Rest in peace : Quatre leçons de vie d'Aretha Franklin à travers ses meilleures chansons

"Tout le monde veut le respect, tout le monde a besoin de respect. Les plus jeunes comme les plus âgés, les hommes, les femmes (...) et nous voulons tous être valorisés"

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Baptisée "The Queen of Soul" ou encore "Lady Soul", Aretha Franklin est une voix emblématique de la communauté musicale noire américaine. Elle a vendu plus de 75 millions de disques et reste aujourd'hui l'artiste féminine ayant vendu le plus de disques vinyles de tous les temps. Le père d’Aretha est pasteur et c’est tout naturellement qu’elle rejoint avec ses deux sœurs la chorale de la paroisse. Bercée par le gospel, Aretha enregistre à seulement quatorze ans The Gospel Soul of Aretha Franklin, un premier disque dans lequel elle s’accompagne au piano. Au début des années 60, elle s’installe à New York et travaille avec le label Columbia sans grand succès. Elle commence à se faire remarquer en 1967, lorsqu’elle s’associe avec deux producteurs - Arif Mardin et Jerry Wexler – qui lui permettent d’enregistrer sur le label Atlantic ses premiers grands tubes : I Never Loved a Man, Respect, Chain of Fools, I Say a Little Prayer ou encore Think. S’en suit une production constante pendant cinq ans.



Le début des années 1970 se poursuit sur un rythme équivalent et c’est durant cette période qu’elle enregistre ce que beaucoup considèrent comme l’un de ses albums les plus aboutis, Aretha Live at Fillmore West. Les années 80 voient la parution d’albums plus standardisés mais sa popularité ne faiblit pas : Aretha Franklin devient ainsi la première femme à rejoindre le Rock and Roll Hall of Fame, véritable panthéon du rock américain. Après plusieurs collaborations avec des artistes comme George Michael, Elton John ou encore Whitney Houston, elle fait paraître A Rose Is Still a Rose en 1998, un album davantage orienté vers le rap et le hip-hop. Puis, Aretha Franklin se fait plus rare sur scène : on peut néanmoins la voir aux côtés de Celine Dion, Mariah Carey, Gloria Estefan et Shania Twain lors du concert caritatif Divas Live 1998, ou interprétant l’hymne national à l’occasion de la finale du Super Bowl en 2006. Plus récemment, elle a chanté pour l’investiture du président Barack Obama.

ARETHA FRANKLIN - "Respect", "Think", (You Make Me Feel Like) "A Natural woman". Non seulement ces morceaux sont agréablement entêtants mais en plus, ils ont beaucoup à nous dire. À travers ses plus grands tubes, Aretha Franklin, décédée ce jeudi 16 août, nous a donné de nombreuses leçons de vie.

"Tout le monde veut le respect, tout le monde a besoin de respect. Les plus jeunes comme les plus âgés, les hommes, les femmes (...) et nous voulons tous être valorisés", expliquait Aretha Franklin en 2008 à propos de l'un de ses plus grands tubes planétaires, "Respect".


Même si à l'origine, ce morceau écrit par Otis Redding n'était pas l'hymne féministe qu'il est devenu, "Respect" est aujourd'hui un véritable hymne pour toutes les femmes et un symbole de revendication d'égalité. "Tout ce que je demande, c'est un peu de respect quand tu rentres à la maison", chantait Aretha Franklin. Cinquante ans plus tard, certains feraient toujours bien d'apprendre la leçon.



Il faut apprendre à penser par soi-même


"You better think, think about what you're doing to do to me", lançait la reine de la soul dans le morceau "Think", sorti en 1968, un an après "Respect". Des mots qui peuvent d'abord être compris comme ceux d'une femme à celui qui flirte avec elle, le prévenant de réfléchir aux conséquences à long terme de ses actes.

Mais comme le souligne Rolling Stone, "Think" est devenu un hymne politique. "Les jeunes gens disaient à l'ordre établi par le contexte de guerre de réfléchir à ce qu'ils faisaient. L'Amérique noire disait à l'Amérique blanche de réfléchir à ce qu'ils faisaient. La chanson parlait à tout le monde", analyse le producteur Jerry Wexler.

"Let your mind go, let yourself be free", concluait un couplet Aretha Franklin, comme pour dire qu'il fallait se libérer des carcans, quels qu'ils soient, et penser par soi-même.

L'amour peut transformer une vie 


"Jusqu'au jour où je t'ai rencontré, ma vie était rude, mais tu es la clé de la paix dans mon esprit (...) Quand mon âme était aux objets trouvés, tu es venu la récupérer, je ne savais pas ce qui n'allait pas avec moi jusqu'à ce que ton baiser m'aide à le savoir, maintenant je ne doute plus de ce pourquoi je vis, et si je te rends heureux, je n'ai pas besoin de plus". Une raison de vivre, peut-être même de sortir d'une dépression, quelle que soit la signification exacte de ces paroles, elle chante un hymne à l'amour.


Les paroles de "(You Make Me Feel Like) A Natural Woman", profondément positives, montrent sans aucun doute à quel point l'amour peut être une véritable force et même sauver quelqu'un. Alors que bon nombre des chansons d'Aretha Franklin évoquent la souffrance en amour, ici cet amour est décrit comme un puissant levier pour se sentir vivant.

L'amitié est une source de réconfort


Un peu moins connue que d'autres chansons de la reine de la soul, "Bridge Over Troubled Water" a été écrite par Simon and Garfunkel. "Si tu as besoin d'un ami, je navigue juste derrière, comme un pont sur de l'eau trouble. J'apaiserai ton esprit, comme un pont sur l'eau trouble", chantait Aretha Franklin.


Elle peut être perçue comme un réconfortant hymne religieux, mais certaines paroles tendent aussi à montrer à quel point l'amitié est une source de réconfort, à quel point un ami est "le pont sur l'eau trouble" quand on a besoin d'être réconforté, tiré vers le haut.

Aretha Franklin en 6 dates :


  • 1956 : Signe son premier disque à seulement quatorze ans.

  • 1971 : Sortie de l’album Aretha Live at Fillmore West.

  • 1987 : Devient la première femme à être honorée par le Rock and Roll Hall of Fame.

  • 1994 : Se voit attribuer un Grammy Award pour l’ensemble de sa carrière.

  • 2009 : Chante à la cérémonie d’investiture du nouveau président des Etats-Unis Barack Obama.

  • 2014 : Donne un concert au festival de Jazz de Montréal.

Aretha Franklin en 6 enregistrements :


  • 1956 : The Gospel Soul of Aretha Franklin

  • 1967 : I Never Loved a Man (The Way I Love You)

  • 1973 : Hey Now Hey (The Other Side of the Sky)

  • 1989 : Through the Storm

  • 1998 : A Rose Is Still a Rose

  • 2010 : A Woman Falling Out of Love

France Culture, émission spéciale Aretha Franklin en podcast:https://www.franceculture.fr/emissions/emission-speciale-aretha-franklin

Rédigée par Marine Le Breton, Huffpost, le 16/08/2018 & par la Note blanche

2 août 2018

Lettre de George Sand à propos de Chopin

George Sand (1er juillet 1804 – 8 juin 1876) romancière et écrivaine vécut durant sa riche vie de nombreuses relations amoureuses qui donnèrent lieu à des correspondances passionnées et passionnantes. Éprise d’un enfant terrible du siècle,  Chopin, ils partent en voyage à Majorque où la santé du musicien se détériore : il souffre d’une tuberculose. De retour entre Nohant et Paris, Chopin devient un amant tyrannique et les malentendus se multiplient. Les orages éclatent sur fond de discordes familiales, et cette lettre, envoyée à un très bon ami du couple, Gryzmala, reflète fidèlement le déclin d’un amour passionné. 

"Il y a sept ans que je vis comme une vierge 
avec lui"

12 mai 1848

Le mal qui ronge ce pauvre être [Chopin] au moral et au physique me tue depuis longtemps, et je le vois s’en aller sans avoir jamais pu lui faire du bien puisque c’est l’affection inquiète, jalouse et ombrageuse qu’il me porte, qui est la cause principale de sa tristesse. Il y a sept ans que je vis comme une vierge avec lui et les autres, je me suis vieillie avant l’âge et même sans effort ni sacrifice, tant j’étais lasse des passions et désillusionnée sans remède.

Si une femme sur la terre devait lui inspirer la confiance la plus absolue, c’était moi, et il ne l’a jamais compris ; et je sais bien que des gens m’accusent, les uns de l’avoir épuisé par la violence de mes sens, les autres de l’avoir désespéré par mes incartades. Je crois que tu sais ce qu’il en est. Lui, il se plaint à moi de ce que je l’ai tué par la privation, tandis que j’avais la certitude de le tuer si j’agissais autrement. Vois quelle situation est la mienne dans cette amitié funeste où je me suis faite son esclave dans toutes les circonstances où je le pouvais sans lui montrer une préférence impossible et coupable sur mes enfants, où ce respect que je devais inspirer à mes enfants et à mes amis a été si délicat et si sérieux à conserver.

J’ai fait, de ce côté-là, des prodiges de patience dont je ne me croyais pas capable, moi qui n’avais pas une nature de sainte comme la princesse [la princesse Anna Czartoryska, la jeune femme du prince Adam]. Je suis arrivée au martyre ; mais le ciel est inexorable contre moi,  comme si j’avais de grands crimes à expier, car au milieu de tous ces efforts et de ces sacrifices, celui que j’aime d’un amour absolument chaste et maternel se meurt victime de l’attachement insensé qu’il me porte. Dieu veuille, dans sa bonté, que, du moins, mes enfants soient heureux.

Chopin: 24 Preludes, Op.28 (1839) :


Composé par Chopin à l'époque de sa liaison avec Georges Sand.


1 août 2018

John Coltrane : Both Directions at Once - The Lost Album (1963)

L'album exceptionnel d'inédits de John Coltrane est sorti :


« L'existence n'a guère d'intérêt que dans les journées où la poussière des réalités est mêlée de sable magique » (Marcel Proust)


john coltrane

"Both Directions at Once - The Lost Album" (Universal/Impulse!), propose, un demi-siècle après sa mort, des enregistrements inconnus du légendaire saxophoniste oscillant entre blues, jazz traditionnel et free jazz.

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Le 6 mars 1963, John Coltrane (1926-1967) et les musiciens de son célèbre quartette (le pianiste McCoy Tyner, le contrebassiste Jimmy Garrison et le batteur Elvin Jones) entrent dans les studios de Rudy Van Gelder, légendaire ingénieur du son et producteur du label Blue Note. Ils vont y rester toute une après-midi à l'issue de laquelle John Coltrane repartira avec une bande de l'enregistrement, le master ayant disparu, pour le faire écouter à Naïma, son épouse. Depuis, plus de nouvelles, jusqu'à aujourd'hui ...

 Une perle rare :


"Nous n'avons pas affaire à des fonds de tiroir", affirme Alex Dutilh, producteur de l'émission quotidienne Open Jazz sur France Musique, "Il s'agit là d'une séance qui était, je pense, conçue pour faire un album. La durée des plages correspond à la durée d'un vinyle. On est dans la configuration d'une séance d'enregistrement classique", explique-il. "C'est comme si l'on découvrait une nouvelle pièce dans la grande pyramide". Cette phrase, qui figure sur le livret du disque, inespéré et inattendu, prend encore plus d'acuité lorsqu'on sait que Sonny Rollins en est l'auteur. Sonny Rollins qui, au début des années soixante, était l'autre "géant" du saxophone avec John Coltrane. "Both Directions at Once" (Universal/Impulse!) est une perle rare, et sa publication est aussi importante dans les cercles du jazz que celle d'un nouvel album de Jimi Hendrix dans l'univers du rock.

John Coltrane vers 1959 en Allemagne

Deux compositions inconnues :


Le disque contient en outre deux compositions inconnues. John Coltrane ne leur avait pas donné de titre, et elles sont répertoriées dans le disque avec des numéros. Plus important encore, lors de ces sessions, John Coltrane explore, à une période charnière de sa carrière où il est prêt à basculer dans le free jazz dont il est devenu l'apôtre, plusieurs directions. "Il y a d'un côté l'attachement de Coltrane au blues et à un cadre de jazz assez traditionnel, et en même temps, quand il traite ces formes-là, il fait tout pour secouer la porte, casser le mur, le dilater", analyse Alex Dutilh : "Et on entend ce déchirement dans ce disque-là."

Sources :






La Note blanche