11 janv. 2018

Les Liaisons dangereuses, Choderlos de Laclos (1782)

Résumé : 


Le roman épistolaire de Choderlos de Laclos dépeint au travers de 170 lettres la corruption morale et la décadence de l’aristocratie à la fin du 18ème siècle, dans la France pré-révolutionnaire.

La marquise de Merteuil a un compte à régler avec le comte de Gercourt, qui l’a abandonnée pour une autre femme. Elle cherche un moyen de l’humilier. Le comte s’apprête à épouser la jeune Cécile de Volanges, dont la mère vient tout juste de la faire sortir du couvent. Si Cécile pouvait être déshonorée avant le mariage ! La marquise de Merteuil élabore alors un plan machiavélique pour assouvir sa vengeance. A cette fin, elle sollicite l’aide d’un de ses amis, le vicomte de Valmont, dont le passe-temps célèbre consiste à multiplier les conquêtes.

Mais de Valmont est déterminé à séduire la vertueuse Madame de Tourvel, connue pour sa piété et la fidélité conjugale, alors que Monsieur de Tourvel, magistrat, est absent pour les besoins d’une affaire judiciaire. Le vicomte de Valmont a trouvé en Madame de Tourvel le défi ultime, qui lui apporterait un trophée unique pour compléter sa liste déjà longue.

Madame de Merteuil devient la confidente de Cécile et encourage son amour pour son professeur de musique le chevalier Danceny. Merteuil et Valmont font mine de vouloir aider les amants afin de gagner leur confiance, et pouvoir les utiliser plus tard à leurs propres fins.

Merteuil suggère au vicomte de séduire Cécile afin d’obtenir sa revanche sur le futur mari de celle-ci. Valmont refuse, trouvant la tâche trop facile, et préférant se consacrer à séduire Mme de Tourvel. Madame de Merteuil promet à Valmont de passer une nuit avec lui s’il réussit à séduire Madame de Tourvel et à lui en fournir la preuve écrite.

Le vicomte de Valmont s’attend à un succès rapide, mais séduire sa victime ne s’avère pas aussi facile qu’avec ses autres conquêtes. Mais il découvre que la Madame de Volanges a écrit à Madame de Tourvel au sujet de sa mauvaise réputation. C’est alors que Valmont se décide à aider la marquise et de séduire Cécile de Volanges.

Madame de Merteuil révèle à Madame de Volanges la correspondance secrète de Danceny et de sa fille. Madame de Volanges, voulant s’assurer que le mariage prévu avec le comte de Gercourt aura bien lieu, ferme alors sa porte à Danceny et emmène Cécile chez Madame de Rosemonde. C’est l’occasion qu’attendait Valmont pour les suivre et devenir l’intermédiaire entre les deux amoureux. Danceny demande à Cécile de donner la clé de sa chambre à Valmont afin que celui-ci puisse y entrer en toute discrétion. C’est ainsi que, le soir même, Valmont fait la conquête de Cécile.

De son côté, Madame de Tourvel, qui est sur le point de succomber, prend la fuite. Elle est en proie aux pires tourments et s’interdit de lire les lettres que Valmont lui envoie. Pour la reconquérir, il obtient un rendez-vous avec elle par l’intermédiaire de son confesseur.  Une fois devant elle, il adopte le rôle du libertin repenti sur le point de se convertir.

La marquise de Merteuil prend Danceny pour amant, au grand dam de Valmont qui tente de rapprocher Cécile de celui-ci. La tension entre les deux libertins ne cesse de croitre.

Valmont annonce triomphalement à la Madame de Merteuil sa victoire sur Madame de Tourvel, mais la marquise, se doutant qu’il est épris de sa victime, refuse d’honorer sa promesse tant qu’il n’a pas rompu. Ainsi, de passionnément amoureuse, Madame de Tourvel est plongée dans le plus noir désespoir lorsqu’elle reçoit de son amant une lettre de rupture écrite par la marquise.

Merteuil révèle à Danceny que Valmont a séduit Cécile. Danceny et Valmont se battent en duel, et Valmont est mortellement blessé. Avant de mourir, il se réconcilie avec Danceny, lui donnant des lettres prouvant l’implication de Madame de Merteuil. Ces lettres sont suffisantes pour ruiner sa réputation et elle s’enfuit à la campagne, où elle contracte la variole . Son visage est marqué de façon permanente et elle est rendue aveugle d’un œil, si bien qu’elle perd son plus grand atout: sa beauté. Mais les innocents souffrent bien plus de ses manoeuvres: apprenant la mort de Valmont, Madame de Tourvel succombe à une fièvre et meurt, tandis que Cécile retourne au couvent...

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Extrait : 


Lettre 125 
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL


    La voilà donc vaincue, cette femme superbe qui avait osé croire qu'elle pourrait me résister ! Oui, mon amie, elle est à moi, entièrement à moi, et depuis hier, elle n'a plus rien à m'accorder.

    Je suis encore trop plein de mon bonheur, pour pouvoir l'apprécier, mais je m'étonne du charme inconnu que j'ai ressenti. Serait-il donc vrai que la vertu augmentât le prix d'une femme, jusque dans le moment même de sa faiblesse ? Mais reléguons cette idée puérile avec les contes de bonnes femmes. Ne rencontre-t-on pas presque partout une résistance plus ou moins bien feinte au premier triomphe ? et ai-je trouvé nulle part le charme dont je parle ? ce n'est pourtant pas non plus celui de l'amour ; car enfin, si j'ai eu quelquefois, auprès de cette femme étonnante, des moments de faiblesse qui ressemblaient à cette passion pusillanime, j'ai toujours su les vaincre et revenir à mes principes. Quand même la scène d'hier m'aurait, comme je le crois, emporté un peu plus loin que je ne comptais ; quand j'aurais, un moment, partagé le trouble et l'ivresse que je faisais naître : cette illusion passagère serait dissipée à présent ; et cependant le même charme subsiste. J'aurais même, je l'avoue, un plaisir assez doux à m'y livrer, s'il ne me causait quelque inquiétude. Serai-je donc, à mon âge, maîtrisé comme un écolier, par un sentiment involontaire et inconnu ? Non : il faut, avant tout, le combattre et l'approfondir.

    Peut-être, au reste, en ai-je déjà entrevu la cause ! Je me plais au moins dans cette idée, et je voudrais qu'elle fût vraie.

    Dans la foule de femmes auprès desquelles j'ai rempli jusqu'à ce jour le rôle et les fonctions d'amant, je n'en avais encore rencontré aucune qui n'eût, au moins, autant d'envie de se rendre que j'en avais de l'y déterminer ; je m'étais même accoutumé à appeler prudes celles qui ne faisaient que la moitié du chemin, par opposition à tant d'autres, dont la défense provocante ne couvre jamais qu'imparfaitement les premières avances qu'elles ont faites.

    Ici, au contraire, j'ai trouvé une première prévention défavorable, et fondée depuis sur les conseils et les rapports d'une femme haineuse, mais clairvoyante ; une timidité naturelle et extrême, que fortifiait une pudeur éclairée ; un attachement à la vertu, que la religion dirigeait, et qui comptait déjà deux années de triomphe, enfin des démarches éclatantes, inspirées par ces différents motifs, et qui toutes n'avaient pour but que de se soustraire à mes poursuites.

    Ce n'est donc pas, comme dans mes autres aventures, une simple capitulation plus ou moins avantageuse, et dont il est plus facile de profiter que de s'enorgueillir ; c'est une victoire complète, achetée par une campagne pénible, et décidée par de savantes manœuvres. Il n'est donc pas surprenant que ce succès, dû à moi seul, m'en devienne plus précieux ; et le surcroît de plaisir que j'ai éprouvé dans mon triomphe, et que je ressens encore, n'est que la douce impression du sentiment de la gloire. Je chéris cette façon de voir, qui me sauve l'humiliation de penser que je puisse dépendre en quelque manière de l'esclave même que je me serais asservie ; que je n'aie pas en moi seul la plénitude de mon bonheur ; et que la faculté de m'en faire jouir dans toute son énergie soit réservée à telle ou telle femme, exclusivement à toute autre. 

    [...] 

Choderlos de Laclos - Lettre 125 (extrait) - Les Liaisons dangereuses

Les Liaisons dangereuses au cinéma par Stephen Frears (1988) : 


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