13 août 2015

Acrostiches accrocheuses : Lettres de George Sand et d'Alfred de Musset


Cet acrostiche est un canular, un beau canular écrit et envoyé par Aurore Dupin, une romancière française du XIXième siècle, dite George SAND (son nom de plume) à Alfred de MUSSET (écrivain français).Cette lettre est authentique. A vous de découvrir l’érotisme caché. Même si, aller, je vous aide mais un peu...


musset sand


Je suis très émue de vous dire que j’ai
bien compris l’autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite.
Nous causerons en amis, franchement.
Je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l’affection
la plus profonde comme la plus étroite
en amitié, en un mot la meilleure preuve
dont vous puissiez rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez que la solitude où j’ha-
bite est bien longue, bien dure et souvent
difficile. Ainsi en y songeant j’ai l’âme
grosse. Accourrez donc vite et venez me la
faire oublier par l’amour où je veux me
mettre.

George Sand (1er juillet 1804 – 8 juin 1876) 
à Alfred de Musset (11 décembre 1810 – 2 mai 1857)

La réponse d’Alfred de Musset : 


Quand je mets à vos pieds un éternel hommage,
Voulez-vous qu’un instant je change de visage ?
Vous avez capturé les sentiments d’un coeur
Que pour vous adorer forma le créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n’ose dire.
Avec soin de mes vers lisez les premiers mots,
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.

Alfred de Musset

La réponse de George Sand : 


Cette insigne faveur que votre coeur réclame
Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.

George Sand

Traduction : 

Cette grande faveur que votre cœur réclame
nuit peut-être à l'honneur mais répond à ma flamme.

...

Attention, cette passion tumultueuse et déchirante, l’union d’Alfred de Musset et George Sand demeure un symbole littéraire de l’amour absolu : leur passion n'avait rien d'un canular acrocheur! Quelques mois après leur rencontre, lors d’un voyage en Italie, Alfred de Musset tombe gravement malade : George Sand fait alors appel au docteur Pagello dont elle tombe profondément amoureuse. S’ensuivent alors des mois de crise, de ménage à trois, désormais typiques de ce couple avant-gardiste et original. Alors que Sand appelle à l’amitié plutôt qu’à l’amour, Musset n’en démord pas et lui adresse cette lettre passionnée, témoignage de ses sentiments éternels. Inévitablement, cette dernière lettre d’amour poussera George Sand à le quitter définitivement. Du romantisme en toutes lettres !


1er septembre 1834

Voilà huit jours que je suis parti et je ne t’ai pas encore écrit. J’attendais un moment de calme, il n’y en a plus. Je voulais t’écrire doucement, tranquillement par une belle matinée, te remercier de l’adieu que tu m’as envoyé, il est si bon, si triste, si doux : ma chère âme, tu as un cœur d’ange. Je voudrais te parler seulement de mon amour, ah ! George, quel amour ! Jamais homme n’a aimé comme je t’aime. Je suis perdu, vois-tu, je suis noyé, inondé d’amour ; je ne sais plus si je vis, si je mange, si je marche, si je respire, si je parle ; je sais que je t’aime. Ah ! si tu as eu toute ta vie une soif de bonheur inextinguible, si c’est un bonheur d’être aimée, si tu ne l’as jamais demandé au ciel, oh ! toi, ma vie, mon bien, ma bien-aimée, regarde le soleil, les fleurs, la verdure, le monde ! Tu es aimée, dis-toi, cela autant que Dieu peut être aimé par ses lévites, par ses amants, par ses martyrs ! Je t’aime, ô ma chair et mon sang ! Je meurs d’amour, d’un amour sans fin, sans nom, insensé, désespéré, perdu ! Tu es aimée, adorée, idolâtrée jusqu’à en mourir ! Et non, je ne guérirai pas. Et non, je n’essaierai pas de vivre ; et j’aime mieux cela, et mourir en t’aimant vaut mieux que de vivre. Je me soucie bien de ce qu’ils en diront. Ils disent que tu as un autre amant. Je le sais bien, j’en meurs, mais j’aime, j’aime, j’aime. Qu’ils m’empêchent d’aimer !

Vois-tu, lorsque je suis parti, je n’ai pas pu souffrir ; il n’y avait pas de place dans mon cœur. Je t’avais tenue dans mes bras, ô mon corps adoré ! Je t’avais pressée sur cette blessure chérie ! Je suis parti sans savoir ce que je faisais ; je ne sais si ma mère était triste, je crois que non, je l’ai embrassée, je suis parti ; je n’ai rien dit, j’avais le souffle de tes lèvres sur les miennes, je te respirais encore. Ah ! George, tu as été tranquille et heureuse là-bas. Tu n’avais rien perdu. Mais sais-tu ce que c’est que d’attendre un baiser cinq mois ! Sais-tu ce que c’est pour un pauvre cœur qui a senti pendant cinq mois, jour par jour, heure par heure, la vie l’abandonner, le froid de la tombe descendre lentement dans la solitude, la mort et l’oubli tomber goutte à goutte comme la neige, sais-tu ce que c’est pour un cœur serré jusqu’à cesser de battre, de se dilater un moment, de se rouvrir comme une pauvre fleur mourante, et de boire encore une goutte de rosée, vivifiante ? Oh, mon Dieu, je le sentais bien, je le savais, il ne fallait pas nous revoir. Maintenant c’est fini ; je m’étais dit qu’il fallait revivre, qu’il fallait prendre un autre amour, oublier le tien, avoir du courage J’essayais, je tentais du moins. Mais maintenant, écoute, j’aime mieux ma souffrance que la vie ; vois-tu, tu te rétracterais que cela ne servirait de rien ; tu veux bien que je t’aime ; ton cœur le veut, tu ne diras pas le contraire, et moi, je suis perdu. Vois-tu, je ne réponds plus de rien.


Alfred de Musset 

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