19 févr. 2018

Disparition de Didier Lockwood Christian Vander : « Didier, j’entends encore son rire »

Christian Vander est le fondateur du groupe Magma, que Didier Lockwood a rejoint en 1973, alors qu’il n’avait que 17 ans. C’est lui qui a lancé le violoniste calaisien dans sa carrière musicale. 

Interview 

Magma sur la scène du théâtre municipal de Calais, le 12 février 1975. Didier Lockwood, au violon, à droite. Christian Vander à la batterie.

Quel est votre sentiment, au lendemain du décès de Didier Lockwood ?

« Je suis sous le choc, c’est une nouvelle très brutale. On ne s’y attendait pas, Didier était si jeune. »

Vous souvenez-vous de votre première rencontre ?

« Nous devions faire passer une audition à son frère Francis Lockwood, au piano. Il est venu avec Didier, qu’on ne connaissait pas. Francis était déjà un très bon musicien, mais il n’était pas prêt à intégrer Magma. Didier a joué, et nous avons tous été touchés, sous le charme. Il a montré tout de suite un potentiel extraordinaire. Il avait une aisance technique et rythmique phénoménale, malgré son très jeune âge. Il jouait avec beaucoup de facilité. »

Didier a toujours souligné l’importance de Magma et de vous-même dans sa carrière. Que pensez-vous lui avoir apporté ?

« Il avait de l’aisance, mais il a aussi beaucoup, beaucoup travaillé. Sans rentrer dans les détails techniques, je l’ai incité à travailler beaucoup plus sur la construction, et je l’ai incité à se lâcher. En se lâchant, en usant de la liberté qu’il pouvait avoir, il a compris qu’il pouvait capter, captiver l’auditoire. Et c’est ce qui s’est passé. Avec lui, on savait chaque soir qu’il allait se passer quelque chose, c’était un musicien hors du commun. »

Magma à Calais en 1975. Didier Lockwood est quatrième à partir de la droite. À sa gauche, Christian Vander.

Vous souvenez-vous du concert que Magma a donné au théâtre municipal de Calais en février 1975, concert particulier pour Didier puisqu’il revenait dans sa ville natale ?

« Ce devait sans doute être un des premiers concerts que nous donnions avec lui. C’était une période particulière pour Magma, nous venions de nous séparer de musiciens aussi importants que Top, Graillier ou Bikialo, c’était difficile d’enchaîner après eux. Les nouveaux devaient tenir la rampe, il y avait Didier, et Bernard Paganotti à la basse. Ils ont été extraordinaires. Le témoignage du passage de Didier dans Magma, c’est le live de 1975, enregistré à la Taverne de l’Olympia. Ce disque tient une place très importante dans la discographie de Magma. Il a marqué énormément de gens. On a eu de la chance que cet instant soit gravé. Mais il y a eu tellement de bons concerts avec Didier... »

Quels souvenirs garderez-vous de lui ?

« D’abord, nous avons toujours continué de jouer ensemble, nous avons un très long parcours en commun, à chaque fois qu’on a eu besoin de lui, il a été présent. Il a encore joué avec Magma, en février 2017, à l’Olympia, avec aussi des élèves de son école. Didier, c’était un bon vivant, comme son frère d’ailleurs. Nous avons vécu ensemble de très grands moments de musique et de partage. Didier, j’entends encore son rire. C’est très difficile pour moi de réagir, là, tout de suite... . »

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