Louis Armstrong, l’un des pères du jazz, connu aux quatre coins du monde pour son timbre de voix rocailleux et son sourire légendaire, écrit en pleine Guerre du Viet Nam une lettre à un soldat fan de cette musique sur les lieux et les origines de sa vocation de trompettiste. Tout comme le jazz s’émancipait de la musique traditionnelle de l’époque, cette lettre s’affranchit des règles de ponctuation et de syntaxe, fidèle en cela à l’esprit facétieux et swing de Satchmo.
"Tout est Musique"
1967
36–57–107 St.
Corona, New York’
U.S.A
Cher Lieutenant Caporal Villec’
J’aimerais ‘prendre une ‘Minute ou ‘deux’ pour te « dire combien – je sens que ‘tu es un fan de ‘Jazz, et que tu ‘Captes ce Jargon – tout comme ‘nous’, ‘ouais‘, ». Bon Sang ! – j’ai toujours avec moi un ‘Album, ‘plein de ‘Chansons – en ‘Version Longue ‘je précise. […] ‘Ouais ! Je m’offre un ‘Concert avec ces ‘chansons. La ‘Musique, c’est la ‘vie en per’sonne. Que serait ce ‘monde sans de la ‘bonne musique ? Peu importe ‘le style.
‘Tout est venu des Vieilles ‘Eglises ‘Saintes. Je me souviens – ‘du bon vieux temps à La Nouvelle Orléans – ma vile natale. J’étais un petit Garçon de ‘dix ans environ. Ma mère avait l’habitude de m’emmener à l’Eglise, et le Révérend (‘le Prêcheur’ en fait) ‘dirigeait’ de bons vieux Cantiques. Et en une fraction de seconde – toute la ‘Congrégation « Hurlait – ‘Chantait ‘follement et ‘c’était très ‘beau. ‘Moi, un ‘petit gamin qui « Aimait » ‘Tout et ‘tout le monde, je passais un ‘Moment Fantastique à l’Eglise, particulièrement lorsque les ‘Sœurs entraient vraiment ‘en transe tandis que « Rev » (le prêcheur) était au ‘Milieu de son ‘Sermon. ‘Ah ! ces ‘Sœurs de l’Eglise se mettaient à Crier ‘Si fort – qu’elles en perdaient la tête. Bien sûr, ‘un des diacres accourrait pour les rattraper – et les ‘portait à bout de ‘Bras et les éventait pour qu’elles reprennent ‘leurs esprits.
Et puis il y avait les « Baptêmes – lorsque quelqu’un veut se convertir, rejoindre l’Eglise et recevoir le ‘sacrement. Il faut donc qu’ils soient ‘Baptisés. ‘Ecoute ça – Je me souviens d’un Dimanche où l’Eglise devait baptiser un ‘immense Type. Du coup les Diacres, vêtus de ‘Robes blanches, se ‘Tenaient tous dans la ‘Rivière – l’Eau jusqu’à la ceinture. Il venaient de ‘Baptiser ‘plusieurs ‘femmes et quelques ‘hommes – et avaient ‘sauvé leurs ‘Âmes. Puis, lors de la ‘Procession’ un ‘Grand, un ‘immense’, un robuste ‘Pêcheur’ s’avance vers eux. Alors – ‘les ‘Diacres, qui étaient eux-mêmes très forts, ont saisi ce Larron, et pendant qu’ils le plongeaient dans l’eau, lui demandèrent – « Frère ‘as-tu la ‘Foi ? « Le Type ne prononça ‘pas un mot – il se contentait de les regarder. Ils le ‘Plongèrent à nouveau dans l’eau de la ‘Rivière, cette fois-ci ‘quelques minutes de ‘Plus. Et lorsque les ‘Diacres regardèrent le type dans les yeux pour lui demander – « As-tu la ‘Foi ? » Le Type ‘répondit finalement – »Oui – Je crois que vous essayez de me ‘noyer, bande d’Enfoirés. »
P.S. Je suppose que tu dois me trouver ‘Dingue. ‘Non ‘Non. Je ‘raconte ces anecdotes simplement parce qu’elles ‘tournent toutes autour de la ‘Musique. D’ailleurs, Tout est Musique. « Tu ‘Captes ? Les ‘Marches Funèbres dans ma ‘Ville Natale, la ‘Nouvelle Orléans’. – c‘est pareil ! C’est pourquoi, ‘Gate » ‘Villec, on ‘jouait ces ‘Marches avec une ‘émotion qui venait du ‘cœur. ‘Tout au long du chemin menant au Cimetière – et bien entendu c’était des orchestres Brass Band. On mettait un ‘mouchoir sous les ‘cymbales de la ‘Caisse-Claire pour étouffer le ‘Son pendant qu’on‘jouait « Flee as a bird » sur la route du Cimetière – Mais ‘dès que le ‘prêcheur disait « Ashes to ‘Ashes – ‘Dust to Dust » – on ‘retirait le mouchoir de La »Caisse-Claire et Commençait un ‘roulement de tambour’ pour ‘rassembler tout le monde, y compris les membres du Club – ou de la Loge du ‘défunt. Puis on retournait au ‘quartier général en jouant « Didn’t He Ramble » ou « When the Saints Go Marching In« . Tu ‘Vois ? Encore de la Musique.
[…]
‘Et bien, ‘Frè’re Villec, je ‘crois bien que je vais m’arrêter ‘là, et prendre un peu de repos. » Le ‘Jour commence à se ‘lever. Je ‘Viens de ‘finir le ‘Boulot. Je suis trop fatigué pour ‘garder les ‘yeux ouverts. Ah ! Ah ! Je te laisse avec ce petit message pour toi. « Ça donne ça’.
You never walk alone
Passe le bonjour de ma part aux gars de ta compagnie. Et aux autres également. À présent, je vais faire ‘Comme le ‘Fermier fait à la ‘Patate – Je vais te ‘Planter, et te ‘Reprendre ‘plus tard. Je ‘Ferme boutique, maintenant. Ce fut un vrai plaisir de t’écrire.
Louis Armstrong.
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