18 août 2016

"On ne badine pas avec l'amour" de Alfred de Musset (1834)

Acte II, scène 5


Acte II, scène 5

[...]

PERDICAN

Sais-tu ce que c'est que des nonnes, malheureuse fille ? Elles qui te représentent l'amour des hommes comme un mensonge, savent-elles qu'il y a pis encore, le mensonge de l'amour divin ? Savent-elles que c'est un crime qu'elles font, de venir chuchoter à une vierge des paroles de femme ? Ah ! comme elles t'ont fait la leçon ! Comme j'avais prévu tout cela quand tu t'ès arrêtée devant le portrait de notre vieille tante ! Tu voulais partir sans me serrer la main ; tu ne voulais revoir ni ce bois, ni cette pauvre petite fontaine qui nous regarde tout en larmes ; tu reniais les jours de ton enfance ; et le masque de plâtre que les nonnes t'ont plaqué sur les joues me refusait un baiser de frère ; mais ton coeur a battu ; il a oublié sa leçon, lui qui ne sait pas lire, et tu es revenue t'asseoir sur l'herbe où nous voilà. Eh bien ! Camille, ces femmes ont bien parlé ; elles t'ont mise dans le vrai chemin ; il pourra m'en coûter le bonheur de ma vie ; mais dis-leur cela de ma part : le ciel n'est pas pour elles.


CAMILLE

Ni pour moi, n'est-ce pas ?


PERDICAN

Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu'on te fera de ces récits hideux qui t'ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : “ J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. ”

Il sort



Résumé :


Au terme de ses études, Perdican rentre au château paternel accompagné de son gouverneur Maître Blazius. Le même jour, escortée de Dame Pluche, arrive aussi sa cousine Camille qui sort du couvent. C'est le Baron, père de Perdican qui a combiné cette rencontre : il veut marier ces enfants qui "s'aimaient" d'ailleurs fort tendrement dès le berceau. La première entrevue est plutôt décevante : Camille, très réservée, refuse d'embrasser son cousin. Elle a entendu dire tellement de mal des hommes qu'elle a peur de l'amour et préfère revenir au couvent. Cette résistance va rendre Perdican amoureux de sa cousine. De dépit, il descend au village et fait la cour à la naïve paysanne Rosette, sœur de lait de Camille.


Acte I deux amis d'enfance se retrouvent :

Un chœur alterné de paysans accueille avec ironie le bedonnant précepteur Blazius et l'osseuse dame Pluche, qui annonce la prochaine arrivée au château de Perdican, fils du baron, et de Camille, sa nièce. Le baron révèle à Blazius et à Bridaine le curé du village, son projet de marier les jeunes gens. Mais dès leur première rencontre, un désaccord apparaît entre eux ; et un peu plus tard Camille reste insensible lorsque son cousin évoque pour elle leur communs souvenirs d'enfance. Dépité, Perdican emmène souper au château la jeune paysanne Rosette, sœur de lait de Camille ; et le baron est stupéfait en apprenant que son fils fait la cour avec l'une de ses vassales.

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Acte II Ils badinent avec l'amour :

Camille annonce à Perdican son prochain départ ; mais elle charge dame Pluche de lui faire parvenir un billet pour le convier à un rendez-vous. Perdican continue son jeu avec Rosette ; toutefois, il se rend à l'invitation de sa cousine. Camille lui révèle qu'une amie de couvent l'a éclairée sur l'égoïsme des hommes et l'a décidée à renoncer au monde. Perdican réplique en attaquant l'éducation des couvents et exalte la passion qui transfigure les êtres.

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Acte III Une mort tragique les sépare à jamais :

Perdican intercepte une lettre que Camille adresse à son amie religieuse et il constate que la jeune fille se flatte de l'avoir désespéré. Piqué au vif, il s'efforce de la rendre jalouse et Camille entend les paroles d'amours qu'il adresse à Rosette. Elle fait venir son cousin et cache la petite paysanne derrière un rideau. Perdican finit par avouer à sa cousine qu'il l'aime et rosette s'évanouit. Devant les reproches de Camille il finit par épouser rosette. Camille souffre prise à son propre piège. Enfin les deux jeunes gens se laissent aller à leur passion et tombent dans les bras l'un de l'autre. Mais ils ne se doutent pas que Rosette assiste à la scène. Tout à coup il la découvre morte par l'émotion.

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