18 oct. 2019

"Les Garçons sauvages", Bertrand Mandico (2018)

Date de sortie :  28 février 2018 (1h 50min)
De :  Bertrand Mandico
Avec :  Pauline Lorillard, Vimala Pons, Diane Rouxel plus
Genres :  Fantastique, Comédie
Nationalité :  Français

Synopsis : 


Début du vingtième siècle, cinq adolescents de bonne famille épris de liberté commettent un crime sauvage.  Ils sont repris en main par le Capitaine, le temps d'une croisière répressive sur un voilier. Les garçons se mutinent. Ils échouent sur une île sauvage où se mêlent plaisir et végétation luxuriante. La métamorphose peut commencer…

Bande-annonce : 



Critique : 


Le conte initiatique de Bertrand Mandico, au noir et blanc lustré, oscille entre récit d’exploration et odyssée transformiste.

« Les Garçons sauvages », de Bertrand Mandico.

Les épithètes pleuvent dès qu’il s’agit de qualifier le cinéma foisonnant du plasticien Bertrand Mandico : symboliste, ésotérique,  décadentiste, hétéroclite… Après vingt ans d’aventures dans le domaine du court, l'artiste réalise son premier long métrage "Les Garçons sauvages". Conçu comme un formalisme débridé qui convoque les puissances du récit (ou du désir), pour dérouler bien plus qu’une simple histoire : un songe, une fantasmagorie, une bouffée délirante ou une chimère.

Le film se présente sous la forme du conte initiatique, au noir et blanc lustré, entre récit d’exploration et odyssée transformiste. Une bande de cinq garçons, dans la fureur de l’adolescence, déchaîne une violence pulsionnelle sur leur professeure (Nathalie Richard), provoquant sa mort. En guise de correction, ils sont remis aux mains d’un capitaine hollandais (Sam Louwyck) qui les embarque sur son navire pour une éprouvante traversée. A terme, ils débarquent sur une île mystérieuse, à la géographie instable, où une nature luxuriante les entraîne sur la voie de plaisirs insoupçonnés, produisant sur eux d’étranges bouleversements. Ne seraient-ils pas les cobayes d’une expérience secrète, comme semble l’attester la présence d’un savant fou nommé Séverin (Elina Löwensohn) ? Leur séjour prolongé achève leur métamorphose : les garçons sont devenus des filles.


Le coup de génie de Mandico est sans doute d’avoir confié les rôles des garçons violents à de jeunes actrices – Vimala Pons, Pauline Lorillard, Diane Rouxel, Anaël Snoek et Mathilde Warnier –, investissant l’androgynie de l’adolescence dans un numéro transformiste de haute volée. A elles cinq, elles dressent un formidable poste d’observation de la mascu­linité en devenir, aux prises avec ses rituels grégaires : vantardise, donjuanisme, priapisme, despotisme, etc. Une masculinité perçue depuis le corps féminin, comme de l’extérieur. La forme baroque du film n’est, en elle-même, qu’une grande montée de sève : poudroiements, surimpressions, passages instantanés à la couleur, rétroprojections, bricolages visuels… Autant de procédés primitifs, réalisés à même le plateau, qui font revivre la candeur et la poésie illusionniste du cinéma muet. Leur prolifération pousse la pellicule dans ses retranchements, à travers une série d’états extatiques qui s’apparentent à la jouissance. Car, dans le cinéma de Bertrand Mandico, l’image est une zone érogène comme les autres, qui se prolonge et s’épanouit dans l’œil transi du spectateur.


France Culture "Un des plus beaux films français de ces dernières années":https://www.franceculture.fr/evenement/les-garcons-sauvages-de-bertrand-mandico

Site officiel Bertrand Mandico:http://www.bertrandmandico.com/

Blas P. (La Note blanche) 

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